Né à Anvers le 29 mai 1930, Frits Gorlé y passera toute sa jeunesse.
Ses études universitaires
Plus tard, il entreprendra des études universitaires en néerlandais d’abord en droit à la R.U. Gent (1953) où il obtiendra le grade de docteur en droit.
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Un an plus tard il suivra avec succès une licence en sciences diplomatiques dans la même université. Mais, déjà à cette époque, il était véritablement passionné par l’étude de l’histoire et de la science juridique des pays de l’Europe de l’Est. Dès lors, il poursuit ses études pour obtenir une licence en philologie et histoire slaves à la Vrije Universiteit Brussel (V.U.B.) en 1965. Ensuite, il approfondit ses recherches dans ce domaine et obtient brillamment le grade de docteur en philologie et histoire slaves à la V.U.B. en 1974 après avoir soutenu une thèse concernant « la preuve dans l’ancien droit russe » et alors qu’il était déjà magistrat.
Sa vie professionnelle
Sa carrière professionnelle commença dès 1954 en tant que secrétaire privé du ministre de la Justice de l’époque, fonction qu’il exerça pendant cinq années. Ensuite dès 1959, sa carrière se déclinera dans deux directions. D’abord la profession de magistrat auprès des juridictions militaires : substitut de l’auditeur militaire, premier substitut, membre civil des conseils de guerre belges en campagne en R.F. d’Allemagne, avocat général près la Cour militaire et enfin auditeur général près cette Cour de 1986 à 1995 où il succéda dans ces fonctions à John Gilissen. Sa carrière dans la juridiction militaire ne connaîtra qu’une seule interruption de 1979 à 1984 : pendant cette période, il exercera à temps plein la fonction de professeur d’université. Frits Gorlé contribua de manière notable à faire évoluer les juridictions militaires afin qu’elles intègrent davantage dans leur fonctionnement les garanties procédurales de la Convention européenne des droits de l’homme et, notamment, il organisa au sein du ministère public (auditorat militaire) la séparation des fonctions entre l’instruction et la poursuite. Lui qui avait tant veillé à la qualité juridique du travail de la justice militaire, il fut particulièrement affecté à la suite de la décision de supprimer la juridiction militaire en temps de paix à partir de l’année 2004.
Si Frits Gorlé était un magistrat militaire compétent, il était également attiré par l’étude des pays d’Europe de l’Est et par la profession d’enseignant universitaire. A partir de 1970, il devient l’assistant du professeur John Gilissen en histoire du droit à la V.U.B. et, en 1977 (quelques années après sa soutenance de thèse), il est nommé chargé de cours à la V.U.B. pour y enseigner les cours d’introduction à l’étude des systèmes juridiques des pays socialistes de l’Europe de l’Est et introduction à l’étude du droit comparé. En 1979, il quitte (temporairement) la magistrature pour exercer à temps plein la fonction de professeur d’université à l’U.I. Antwerpen et y enseigner (pendant cinq années) le droit pénal, la procédure pénale ainsi que d’autres matières. Ensuite, il reprit des fonctions académiques à temps partiel à la V.U.B.
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Faut-il rappeler qu’à cette époque l’étudiant qui avait réussi les cinq années d’études universitaires en droit obtenait le grade de docteur en droit.
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Ses connaissances approfondies dans le droit, la langue et l’histoire des pays de l’Europe de l’Est vont l’amener à voyager souvent dans ces pays pour y prononcer des conférences et rédiger des articles scientifiques.
Sa bibliographie
La bibliographie de Frits Gorlé est abondante et impressionnante par sa diversité et sa qualité. Un livre, des articles de revues et des contributions dans des ouvrages collectifs : 36 publications en néerlandais, 27 en français, 3 en anglais, 3 en allemand et 2 en italien. Si, sans surprise, de nombreuses études ont pour objet les pays d’Europe de l’Est, d’autres sont relatives au droit pénal, et en particulier au droit pénal militaire et à la justice militaire. Dans ce domaine qui intéressera en priorité les lecteurs de la Revue de droit militaire et de droit de la guerre, il a publié en tant qu’auteur ou coauteur une vingtaine d’études parmi lesquelles on citera la chronique annuelle de droit pénal militaire écrite avec l’avocat général André Andries et publiée tant en néerlandais qu’en français et l’ouvrage intitulé Militair Strafrecht, écrit avec G. Van Gerven (Story Scientia, Bruxelles, 1993).
L’hommage de ses collègues et amis
Lors de son accession à l’éméritat à l’université, ses collègues et amis lui offrirent un ouvrage d’hommage intitulé « Oost-Europa in Europa. Huldeboek aangeboden aan Frits Gorlé » (VUB Press, Bruxelles, 1996). On y trouve 17 contributions concernant l’un ou l’autre Etat de l’Europe centrale et orientale ainsi qu’une étude indiquant l’apport considérable de Frits Gorlé à une meilleure connaissance du droit, de la langue, de l’histoire et de la politique de ces Etats qui connurent des changements sociaux radicaux après la chute du mur de Berlin en 1989.
Associations scientifiques
Frits Gorlé était également membre de nombreuses sociétés scientifiques et prit une part active dans la direction de plusieurs d’entre elles. C’est ainsi qu’il fut secrétaire général de la Société internationale de droit militaire et de droit de la guerre au sein de laquelle plusieurs magistrats militaires belges ont tenu – comme lui et avant lui – un rôle de premier plan que ce soit dans la Société elle-même qui organisa plusieurs congrès internationaux sur des thèmes importants et d’actualité, soit dans la Revue internationale éditée par cette société scientifique. Au niveau belge, il présida le conseil d’administration du Séminaire de droit pénal militaire et de droit de la guerre et fut également administrateur de la Revue de droit pénal et de criminologie de 1985 à 1995. C’est dans ce cadre que j’ai eu personnellement l’occasion de le rencontrer et de travailler avec lui à l’avenir de cette Revue. J’ai pu également apprécier ses qualités d’organisateur et d’excellent juriste. Frits Gorlé prendra également part aux activités de plusieurs autres sociétés et institutions scientifiques, notamment celles qui avaient pour objet de favoriser l’étude des pays de l’Europe de l’Est.
Un Anversois résidant ensuite en province de Liège.
Si Frits Gorlé est né à Anvers et y a vécu pendant plusieurs décennies, il avait ensuite fait construire avec son épouse une maison à Jalhay en province de Liège., alors qu’il était magistrat en R.F.A. Un Anversois vint résider en province de Liège.
Frits H. E. Gorlé est décédé le 30 septembre 2017 à Spa. Il fit don de son corps pour la science à son université la V.U.B. Il laissera le souvenir d’un grand érudit, d’un homme très actif, multilingue, faisant preuve d’une grande indépendance d’esprit, protecteur pour sa famille et homme de bon conseil.
La Revue de droit militaire et de droit de la guerre présente à sa famille et en particulier à son fils Philippe Gorlé, président de chambre à la Cour d’appel de Liège, ses sincères condoléances
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